Chers Distingués Invités, Amis et Famille

Au nom des enfants Bokam, je tiens tout d’abord à vous remercier d’avoir bien voulus vous joindre à nous pour dire un dernier “aurevoir” à celle qui fut pour nous, ses enfants, une tendre et chaleureuse mère.
La connaissant elle doit se demander en ce moment “pourquoi il y a autant de monde chez elle ?” Et ensuite se demander “à quelle heure partiront-ils ?”
En effet, malgré ses qualités exceptionnelles, ma mère n’a pas toujours été une personne facile à vivre. Elle pouvait même parfois être très dure ce qui lui avait valu le surnom de “dame de fer” ou plus simplement “Margaret Thatcher”.
Notre mère était une personne imparfaite comme nous le sommes tous. Je sais que nous sommes ici pour célébrer sa vie mais pour ceux qui n’avaient pas eu de bonnes relations avec elle, pour ceux qui ont été offensés par ses comportements, je vous présente mes sincères excuses et espère que vous parviendrez à lui accorder votre pardon.
Je suis né dans la banlieue parisienne. Le jour après ma naissance, la voisine de chambre de maman, une femme d’origine antillaise, qui venait d’avoir une fille mais qui voulait absolument avoir un garçon avait échangé les bébés. Malgré la fatigue, ma mère s’était vite aperçue que le bébé qui était à côté d’elle n’était pas le sien et a rapidement alerté tout l’hôpital. Grâce à elle, on a réussi à stopper cette dame juste au moment où elle s’apprêtait à sortir du pavillon de la maternité. Donc vous vous imaginez bien que le lien que j’avais avec ma mère n’était pas seulement celui d’une mère et d’un fils mais aussi celui d’une mère qui avait sauvé son fils. Elle était mon héroïne. En effet, c'est grâce à elle que je suis dans la famille où je dois être et dans le pays d’où je viens. C’est grâce à elle que je suis qui je suis.
Notre mère était vraiment une femme forte, très forte qui n’hésitait pas à se transformer en louve féroce pour protéger les siens. D’ailleurs beaucoup ici savent de quoi je parle.
Maman était une femme avec un grand cœur. Il ya plusieurs années, elle avait fait la connaissance d’un jeune adolescent très dynamique qui vendait des CDs devant la boulangerie Calafatas. Elle lui avait demandé ce qu’elle pouvait faire pour l’aider. Il lui avait répondu qu’il vendait des CDs pour financer ses études et n’avait pas où dormir. Quelques semaines plus tard, ce jeune homme vivait avec nous. Quand j’avais demandé à maman pourquoi elle avait décidé d’héberger un inconnu, elle m’avait juste répondu qu’il avait besoin d’aide et qu’elle se sentait dans l’obligation de l’aider.
C’est elle aussi qui m’avait fait découvrir les enfants de l’orphelinat de Lada avec qui j’ai fini par nouer des liens d’amitié. C’est elle qui m’appelait avant les rentrées scolaires pour me dire :
- Maman : “Armel n’oublie pas d’envoyer des petites choses à tes enfants de l’orphelinat”
- Armel : “ok maman, ils ont besoin de quoi ?”
- Maman : “des chaussures et matériels scolaires”
- Armel : “Ekié maman c’est cher tout ça!”
- Maman : “Tu es trop chiche. Ne t’inquiète pas ! C’est Dieu qui va te rembourser…”
Comment répondre à ça ? Une mère trouve toujours la bonne formule pour convaincre son fils.
Maman était une femme très pieuse qui avait dédiée toutes les dernières années de sa vie à Dieu. D’ailleurs l’un des derniers messages qu’elle m’a envoyé était le suivant :
“Nous venons de terminer la prière. N’oublie pas de prier. C’est très important”. Elle se vantait même souvent d’être la “petite sœur de Jésus”.
Me voilà seul, démuni, sans mon arme. Celle qui se levait à 4h du matin pour prier pour moi n’est plus là. Cœur gros, je pleure sans arrêt. Elle était mon réconfort lorsque j’étais malade, lorsque j’avais besoin de conseils… Qui vais-je pouvoir appeler maintenant ? Qui va me dire “Armel, ne t’inquiète pas Dieu est avec nous ; il ne nous abandonnera jamais”
Maman a toujours été notre soutien, notre force et notre réconfort dans les moments difficiles. En 1990, j’avais perdu connaissance après une crise d’asthme. Lorsque je me suis réveillé, en face de moi il y avait ma maman. Toute souriante… derrière ce sourire se cachait peut-être des craintes et des doutes dus à la situation stressante qu’elle venait de vivre mais par son sourire, elle voulait me rassurer. Une façon de me dire “Armel ne t’inquiète pas ; je suis là !” C’était la seule personne que je voulais voir à ce moment-là. Pas de docteurs, même pas mon père… juste ma maman. Je me sentais en sécurité en sa présence. J’étais certes dans une chambre d’hôpital mais la force qu’elle dégageait était contagieuse. Avec elle à mes côtés, je me sentais si fort, si courageux ! Prêt à vaincre la maladie… N’est-ce pas ça une mère ? Elle vous rassure lorsque vous êtes dans le doute et vous protège exagérément jusqu’à devenir presque envahissante. Une mère est la seule personne qui vous sera extrêmement loyale pendant toute votre vie. Quelques soient les malentendus ou désaccords que vous avez avec elle, une mère ne vous tournera jamais le dos. Nous devons les honorer sans cesse. Tous les jours de notre vie. Malheureusement la mienne n’est plus là. Et je n’ai pas pu lui dire merci pour ce qu’elle a fait pour moi.
Enterrer une mère c’est enterrer une partie de soi. Physiquement je suis là… en train de lire ce discours mais une partie de moi se trouve dans ce cercueil. La personne que je fus hier, n’existe plus aujourd’hui.
Maintenant si vous me le permettez, je souhaiterais qu’on parle de la notion du temps. Comme vous le savez notre mère est partie de manière brusque sans que nous ayons eu le temps de lui dire aurevoir. Telle une étoile filante, elle nous a quittés. J’ai pris un moment pour refléter sur sa disparition soudaine. À l’issue de mon introspection, une des questions que je me suis posé était la suivante “Avons-nous vraiment le temps ?”
Ah oui, la mort est lâche et nous guette…Sans nous avertir, elle vient chercher des personnes qui nous sont chères. La mort est un phénomène étrange. C’est la seule certitude que nous avons dès que nous sommes sortis du ventre de nos mamans. On sait qu’elle est là et peut arriver à tout moment mais on n’en tire aucune leçon. Le philosophe Confucius disait : “On a deux vies et la deuxième commence le jour où l’on se rend compte qu’on n’en a qu’une.” Lorsque vous êtes sur le point de vous coucher, est ce que vous vous êtes déjà demandé « Ai-je bien utilisé mon temps aujourd’hui ? ». Appelez vos parents, vos frères, vos amis tous les jours. Dites-leur que vous les aimez. Souvent après une longue journée au travail, on est fatigué et on se dit « je vais l’appeler demain ». Malheureusement, demain n’est pas garantie. Lors de notre dernière conversation avec maman, elle nous a dit « bonne nuit. Aurevoir et à demain ». Je l’appellerai demain, me disais-je. Demain n’est jamais arrivé. Maman pardonne-moi de toujours remettre à demain.
Il y a un adage qui dit « Les humains disent que le temps passe. Le temps dit que les humains passent… ». Il faut être capable de dissocier la longueur de la vie et la qualité de la vie. C’est pourquoi il est important d’avoir conscience du fait que la qualité de vie devrait toujours être davantage valorisée que la longueur de vie. Il faut vivre le moment présent et profiter pleinement de chaque jour qu’il vous reste sur terre et il est important de profiter de ces jours là en compagnie de vos proches.
Pour conclure, je tiens une fois de plus à vous remercier de nous avoir honorés de votre présence aujourd’hui. Ces dernières semaines ont été très difficiles pour la famille Bokam. Nous sommes très reconnaissants de l’attention que vous avez portée à notre égard durant cette période difficile. N’ayez pas pitié de nous car nous sommes orphelins ou veuf. Être orphelins ou veuf n’est pas une fatalité. Nous le serrons tous un jour de toute façon. Certes une mère est irremplaçable mais notre famille a déjà eu à traverser des épreuves presque insurmontables. C’est souvent dans l’adversité que nous devenons encore plus forts, encore plus unis. Cela prendra peut-être du temps mais petit à petit nous allons nous reconstruire…Et nous finirons par nous relever. Tout ce que nous vous demandons, c’est de prier pour que l’âme de notre mère repose en paix et de profiter pleinement des jours qu’il vous reste ici sur terre.
Il y a une dernière chose que je souhaiterais qu’on fasse pour célébrer la mémoire de maman Jeannine. Je vous prie de tous vous lever et de l’applaudir fort pour la féliciter pour son œuvre sur terre…Tous ensemble et très fort…pour qu’elle puisse nous entendre là où elle est.
Tu vois maman ? Tu étais une femme très appréciée.
Ta mission est terminée.
Repose maintenant en paix !
La connaissant elle doit se demander en ce moment “pourquoi il y a autant de monde chez elle ?” Et ensuite se demander “à quelle heure partiront-ils ?”
En effet, malgré ses qualités exceptionnelles, ma mère n’a pas toujours été une personne facile à vivre. Elle pouvait même parfois être très dure ce qui lui avait valu le surnom de “dame de fer” ou plus simplement “Margaret Thatcher”.
Notre mère était une personne imparfaite comme nous le sommes tous. Je sais que nous sommes ici pour célébrer sa vie mais pour ceux qui n’avaient pas eu de bonnes relations avec elle, pour ceux qui ont été offensés par ses comportements, je vous présente mes sincères excuses et espère que vous parviendrez à lui accorder votre pardon.
Je suis né dans la banlieue parisienne. Le jour après ma naissance, la voisine de chambre de maman, une femme d’origine antillaise, qui venait d’avoir une fille mais qui voulait absolument avoir un garçon avait échangé les bébés. Malgré la fatigue, ma mère s’était vite aperçue que le bébé qui était à côté d’elle n’était pas le sien et a rapidement alerté tout l’hôpital. Grâce à elle, on a réussi à stopper cette dame juste au moment où elle s’apprêtait à sortir du pavillon de la maternité. Donc vous vous imaginez bien que le lien que j’avais avec ma mère n’était pas seulement celui d’une mère et d’un fils mais aussi celui d’une mère qui avait sauvé son fils. Elle était mon héroïne. En effet, c'est grâce à elle que je suis dans la famille où je dois être et dans le pays d’où je viens. C’est grâce à elle que je suis qui je suis.
Notre mère était vraiment une femme forte, très forte qui n’hésitait pas à se transformer en louve féroce pour protéger les siens. D’ailleurs beaucoup ici savent de quoi je parle.
Maman était une femme avec un grand cœur. Il ya plusieurs années, elle avait fait la connaissance d’un jeune adolescent très dynamique qui vendait des CDs devant la boulangerie Calafatas. Elle lui avait demandé ce qu’elle pouvait faire pour l’aider. Il lui avait répondu qu’il vendait des CDs pour financer ses études et n’avait pas où dormir. Quelques semaines plus tard, ce jeune homme vivait avec nous. Quand j’avais demandé à maman pourquoi elle avait décidé d’héberger un inconnu, elle m’avait juste répondu qu’il avait besoin d’aide et qu’elle se sentait dans l’obligation de l’aider.
C’est elle aussi qui m’avait fait découvrir les enfants de l’orphelinat de Lada avec qui j’ai fini par nouer des liens d’amitié. C’est elle qui m’appelait avant les rentrées scolaires pour me dire :
- Maman : “Armel n’oublie pas d’envoyer des petites choses à tes enfants de l’orphelinat”
- Armel : “ok maman, ils ont besoin de quoi ?”
- Maman : “des chaussures et matériels scolaires”
- Armel : “Ekié maman c’est cher tout ça!”
- Maman : “Tu es trop chiche. Ne t’inquiète pas ! C’est Dieu qui va te rembourser…”
Comment répondre à ça ? Une mère trouve toujours la bonne formule pour convaincre son fils.
Maman était une femme très pieuse qui avait dédiée toutes les dernières années de sa vie à Dieu. D’ailleurs l’un des derniers messages qu’elle m’a envoyé était le suivant :
“Nous venons de terminer la prière. N’oublie pas de prier. C’est très important”. Elle se vantait même souvent d’être la “petite sœur de Jésus”.
Me voilà seul, démuni, sans mon arme. Celle qui se levait à 4h du matin pour prier pour moi n’est plus là. Cœur gros, je pleure sans arrêt. Elle était mon réconfort lorsque j’étais malade, lorsque j’avais besoin de conseils… Qui vais-je pouvoir appeler maintenant ? Qui va me dire “Armel, ne t’inquiète pas Dieu est avec nous ; il ne nous abandonnera jamais”
Maman a toujours été notre soutien, notre force et notre réconfort dans les moments difficiles. En 1990, j’avais perdu connaissance après une crise d’asthme. Lorsque je me suis réveillé, en face de moi il y avait ma maman. Toute souriante… derrière ce sourire se cachait peut-être des craintes et des doutes dus à la situation stressante qu’elle venait de vivre mais par son sourire, elle voulait me rassurer. Une façon de me dire “Armel ne t’inquiète pas ; je suis là !” C’était la seule personne que je voulais voir à ce moment-là. Pas de docteurs, même pas mon père… juste ma maman. Je me sentais en sécurité en sa présence. J’étais certes dans une chambre d’hôpital mais la force qu’elle dégageait était contagieuse. Avec elle à mes côtés, je me sentais si fort, si courageux ! Prêt à vaincre la maladie… N’est-ce pas ça une mère ? Elle vous rassure lorsque vous êtes dans le doute et vous protège exagérément jusqu’à devenir presque envahissante. Une mère est la seule personne qui vous sera extrêmement loyale pendant toute votre vie. Quelques soient les malentendus ou désaccords que vous avez avec elle, une mère ne vous tournera jamais le dos. Nous devons les honorer sans cesse. Tous les jours de notre vie. Malheureusement la mienne n’est plus là. Et je n’ai pas pu lui dire merci pour ce qu’elle a fait pour moi.
Enterrer une mère c’est enterrer une partie de soi. Physiquement je suis là… en train de lire ce discours mais une partie de moi se trouve dans ce cercueil. La personne que je fus hier, n’existe plus aujourd’hui.
Maintenant si vous me le permettez, je souhaiterais qu’on parle de la notion du temps. Comme vous le savez notre mère est partie de manière brusque sans que nous ayons eu le temps de lui dire aurevoir. Telle une étoile filante, elle nous a quittés. J’ai pris un moment pour refléter sur sa disparition soudaine. À l’issue de mon introspection, une des questions que je me suis posé était la suivante “Avons-nous vraiment le temps ?”
Ah oui, la mort est lâche et nous guette…Sans nous avertir, elle vient chercher des personnes qui nous sont chères. La mort est un phénomène étrange. C’est la seule certitude que nous avons dès que nous sommes sortis du ventre de nos mamans. On sait qu’elle est là et peut arriver à tout moment mais on n’en tire aucune leçon. Le philosophe Confucius disait : “On a deux vies et la deuxième commence le jour où l’on se rend compte qu’on n’en a qu’une.” Lorsque vous êtes sur le point de vous coucher, est ce que vous vous êtes déjà demandé « Ai-je bien utilisé mon temps aujourd’hui ? ». Appelez vos parents, vos frères, vos amis tous les jours. Dites-leur que vous les aimez. Souvent après une longue journée au travail, on est fatigué et on se dit « je vais l’appeler demain ». Malheureusement, demain n’est pas garantie. Lors de notre dernière conversation avec maman, elle nous a dit « bonne nuit. Aurevoir et à demain ». Je l’appellerai demain, me disais-je. Demain n’est jamais arrivé. Maman pardonne-moi de toujours remettre à demain.
Il y a un adage qui dit « Les humains disent que le temps passe. Le temps dit que les humains passent… ». Il faut être capable de dissocier la longueur de la vie et la qualité de la vie. C’est pourquoi il est important d’avoir conscience du fait que la qualité de vie devrait toujours être davantage valorisée que la longueur de vie. Il faut vivre le moment présent et profiter pleinement de chaque jour qu’il vous reste sur terre et il est important de profiter de ces jours là en compagnie de vos proches.
Pour conclure, je tiens une fois de plus à vous remercier de nous avoir honorés de votre présence aujourd’hui. Ces dernières semaines ont été très difficiles pour la famille Bokam. Nous sommes très reconnaissants de l’attention que vous avez portée à notre égard durant cette période difficile. N’ayez pas pitié de nous car nous sommes orphelins ou veuf. Être orphelins ou veuf n’est pas une fatalité. Nous le serrons tous un jour de toute façon. Certes une mère est irremplaçable mais notre famille a déjà eu à traverser des épreuves presque insurmontables. C’est souvent dans l’adversité que nous devenons encore plus forts, encore plus unis. Cela prendra peut-être du temps mais petit à petit nous allons nous reconstruire…Et nous finirons par nous relever. Tout ce que nous vous demandons, c’est de prier pour que l’âme de notre mère repose en paix et de profiter pleinement des jours qu’il vous reste ici sur terre.
Il y a une dernière chose que je souhaiterais qu’on fasse pour célébrer la mémoire de maman Jeannine. Je vous prie de tous vous lever et de l’applaudir fort pour la féliciter pour son œuvre sur terre…Tous ensemble et très fort…pour qu’elle puisse nous entendre là où elle est.
Tu vois maman ? Tu étais une femme très appréciée.
Ta mission est terminée.
Repose maintenant en paix !